Des plateformes solidaires par des acteurs locaux, en Hauts-de-France
La crise sanitaire de 2020 a largement amplifié de nouveaux modes de faire et de consommer : les recours aux plateformes numériques se sont multipliés.
Au niveau local, des porteurs de projets inventent des alternatives aux nouveaux besoins des usagers et des territoires : se nourrir directement auprès des producteurs locaux à un prix juste, se déplacer ou transporter avec moins d'impacts négatifs sur l'environnement, privilégier le prêt à l'achat pour des produits du quotidien ou très spécifiques,...
Le principe des communs
Ces porteurs de projets solidaires ont besoin d'outils numériques qui soient en même temps, pratiques, efficaces et en accord avec les valeurs qu’ils portent et partagent. Un autre modèle de plateformes est possible, basé sur le concept des Communs.
Les Communs sont des ressources qui ne relèvent ni de la propriété publique, ni de la propriété privée : une communauté s’organise pour gérer une ressource, matérielle (un pré par exemple) ou immatérielle (un logiciel).
Ce modèle peut s'appliquer aux plateformes numériques, et voilà ce que ça donne :
Gouvernance démocratique : une personne = un vote.
Pas de redistribution maximalisée des bénéfices aux propriétaires de l'outil de production.
Résultats réinvestis dans le projet et consacrés à sa durabilité.
Valeurs prisées : égalité, inclusion, éco-responsabilité, ...
Des modèles connus (Wikipedia par exemple) fonctionnent de longue date selon ces principes avec comme boussole la valeur apportée et la responsabilité sociale.
L'utilité sociale des plateformes solidaires
Tout en répondant aux besoins essentiels des habitants, les plateformes solidaires contribuent aux transitions économique, écologique et solidaire :
- protection sociale et rémunération correcte de leurs salariés, responsabilité fiscale
- ancrage territorial garanti aux producteurs, commerçants et habitants
- outils numériques adaptés à leurs intérêts et conformes à leurs valeurs
- transports limités = moins d’impact sur l’environnement
- lucrativité limitée à la pérennité de la plateforme. Les données des utilisateurs ne sont pas une source de profit financier
- contributeurs et pouvoirs publics sont associés aux décisions et respectés dans leurs droits.
PlateformCoopBrussels - SMART - SAWB - FEBECOOP
Les porteurs de ces plateformes solidaires rencontrent des obstacles :
- Editer un logiciel de plateforme est un lourd investissement financier, qui nécessite des compétences pointues
- L’équilibre économique est souvent difficile à trouver.
Pour appuyer le développement de ces plateformes, l’Apes a initié le projet « PlateformCoop Nord-Pas de Calais 2022-2023 » avec la Coop des Communs et de nombreux partenaires
Objectifs
Créer le réseau de plateformes locales dans le Nord-Pas de Calais pour favoriser l’entraide et la mutualisation entre les acteurs
Développer des logiciels de plateforme sous licence libre adaptés aux différentes activités : vente de denrées alimentaires, échanges de biens et de services, réparation de vélos,...
Accompagner des collectivités territoriales dans leur soutien aux plateformes locales et solidaires : en 2022-2023, une formation destinée à des élus et à des agents des collectivités publiques s'est déroulée durant 9 mois sur le thème d'un développement économique solidaire des territoires appuyé par le numérique. La MEL, la communauté d’agglo Hénin-Carvin, les villes de Hellemmes, Lomme, Libercourt… se sont engagées.
Une recherche-action sur l’amélioration des pratiques des acteurs de plateformes.