L’un des objectifs du projet PlateformCoop est de permettre aux acteurs locaux d’utiliser des logiciels libres* de plateformes adaptés à leurs activités.
Deux logiciels ont été développés : l'un pour outiller l’échange de biens et de services et une application pour la réparation de vélos.
L'échange de biens et de services (EBS)
L'objectif : encourager l’essaimage du principe de l’échange d’objets et de la réparation, afin d’aller dans le sens des transitions écologique et sociale
Quels sont les éléments qui ont présidé au choix de ce logiciel ?
Deux acteurs du réseau de l’Apes avaient développé des logiciels pour favoriser l’échange d’objets entre particuliers : des objets du quotidien pour l’association Tipimi et des équipements sportifs pour Shareathlon.
Ces logiciels étaient des outils propriétaires, c’est à dire réservés au seul usage privé de ces acteurs.
Dans le cadre de PlateformCoop, l’Apes, qui a constaté l’essor important des objetothèques (lieux physiques ou numériques d’échanges d’objet) au niveau national, a donc proposé de mettre en œuvre les mêmes fonctionnalités grâce à un logiciel libre*.
L’intérêt est de mettre à disposition un outil qui soit réutilisable par toutes les structures qui souhaitent impulser l’échanges d’objets ou de services, quelque soit le secteur géographique.
A terme, l’existence de cet outil (baptisé EBS, pour Échange de Biens et de Services) permet aux acteurs de ne pas être freinés par de lourdes dépenses d’investissement liés au développement d’un logiciel et encourage donc le développement d’échanges sur un territoire.
Quelle a été la méthode de travail ?
Les fonctionnalités essentielles (verser un objet sur une plateforme pour le rendre disponible à de l’emprunt) avaient déjà été identifiées par Tipimi et Shareathlon. Elles ont donc été reprises dans le logiciel libre en y ajoutant de nouvelles fonctions auxquelles les acteurs avaient dû renoncer en raison de contraintes budgétaires.
Le choix du prestataire a été réalisé dans le cadre d’un appel d’offres ouvert régi par le Code des marchés publics. C’est une coopérative lilloise « Les Tilleuls », qui a remporté le marché, en proposant une réponse axée sur les logiciels libres : le logiciel sur lequel ils se sont basés est très largement utilisé par de nombreux développeurs et conçu pour qu’une communauté puisse le faire évoluer : le logiciel EBS sera donc à la fois libre au niveau juridique et également facilement installable et modifiable pour coller au plus prés aux besoins de futurs acteurs.
Quelles sont les fonctionnalités du logiciel ?
La fonctionnalité essentielle est de permettre à un usager ou à une structure de mettre à disposition un objet ou un service sur une plateforme. Ce logiciel libre présente l’avantage de pouvoir s’adapter à de multiples projets, car des modules de réservation programmée, de « chat » en ligne,... sont déjà intégrés.
Il pourrait par exemple s’adapter à de la location touristique.
Il faut bien entendu que les projets s’inscrivent dans les valeurs de l’économie solidaire : quand un projet est dans ce cas de figure, il aura accès avec l’EBS à un logiciel accompagné d’une notice d’utilisation suffisamment claire pour que n’importe quel développeur puisse s’en saisir facilement et l’adapter aux besoins spécifiques du projet.
Quels sont les enseignements de ce travail ?
Les objetothèques sont souvent portées par des associations qui ont peu de moyens financiers. Ce logiciel EBS leur donnera l’opportunité de passer au numérique pour élargir leur offre.
L’idée est ainsi d’encourager l’essaimage du principe de l’échange d’objets, afin d’aller dans le sens des transitions écologique et sociale.
* Définition d’un logiciel libre : Un logiciel libre est un logiciel dont l'utilisation, l'étude, la modification et la duplication par autrui en vue de sa diffusion sont permises, techniquement et juridiquement, ceci afin de garantir certaines libertés induites, dont le contrôle du programme par l'utilisateur et la possibilité de partage entre individus.
La réparation de vélos
Quels sont les éléments qui ont présidé au choix de cette application dédiée à la réparation de vélos ?
Au départ, le besoin qui avait été présumé portait sur la livraison à vélo. L’Apes était donc en lien avec les Boites à vélo et Lille Bike sur cette question. Or, il s’est avéré qu’un logiciel existait déjà au niveau national : CoopCycle, géré par une fédération de coopératives.
Et, début 2022, un nouveau phénomène inquiétait fortement les acteurs locaux de la réparation : l’arrivée d’un nouveau protagoniste national de la réparation de vélo. Sa communication écrasante tendait à faire disparaître les acteurs locaux et sa politique de recrutement, se targuant de former des réparateurs en 3 jours, mettait en péril à terme des emplois de qualité… Les réparateurs locaux, déjà à la peine pour assurer leur pérennité, ont eu très peur de l’uberisation de leur métier.
Quelle a été la méthode de travail ?
L’Apes a rapidement constitué un groupe de travail des réparateurs sur le territoire de la MEL, en adressant l’appel à participation à tous types de réparateurs : les ateliers – associatifs ou non, les réparateurs à domicile, les ateliers d’aide à la réparation, les vendeurs de vélo faisant de la réparation,…
Une vingtaine de structures*, auxquelles se sont joints l’Association Droit Au Vélo et l’Heureux Cyclage (réseau national d’ateliers vélo solidaires), ont répondu présentes et ont confirmé le besoin. Un groupe de travail s’est constitué pour rédiger le cahier des charges du logiciel, avec l’appui de Cliss 21.
Quelles sont les fonctionnalités du logiciel ?
Pour répondre aux besoins immédiats des cyclistes (une panne quand on est loin de chez soi, par exemple), le choix s’est porté sur une application téléchargeable sur téléphone.
L’application permet la prise de rendez-vous en ligne sur des créneaux alimentés par les réparateurs, l’auto-diagnostic de la panne par les cyclistes (pour que le réparateur sache s’il a la compétence et réoriente sur un autre sinon) et génère un carnet d’entretien du vélo.
Un “chat” en ligne permet des échanges directs entre cycliste et réparateur.
L’appli est complétée par des fiches qui présentent les compétences, le projet politique (le cas échéant), les coordonnées et les horaires de chaque réparateur.
Quels sont les enseignements de ce travail ?
Il est rapidement apparu que le logiciel était un support à la création d’une communauté de réparateurs qui souhaitent coopérer ensemble à la poursuite de plusieurs objectifs, plus larges que la seule mutualisation d’un logiciel :
- une meilleure visibilité de l’activité de réparation de vélos
- une professionnalisation et une reconnaissance de leurs compétences (il n’existe pas de code NAF, de diplômes ou de certification de la profession)
- une mutualisation des compétences et des lieux d’exercice
- une résistance à l’isolement de réparateurs, qui exercent souvent en statut précaire d’auto-entrepreneur
et, bien sûr, un engagement commun pour un monde plus cyclable !